Paul Pascon
2Il est né à Fès en 1932, deux ans après la promulgation du dahir berbère qui va marquer le début d’un mouvement nationaliste de remise en cause du traité du protectorat français au Maroc. Son père était ingénieur des travaux publics, alors que le grand-père, plus paysan qu’agriculteur, tenait une ferme modeste dans la plaine du Saïs à quelques kilomètres du domaine des Douiyat qui sera le futur domaine royal, une des vitrines de l’agriculture marocaine moderne, mais aussi une des expressions de la mal-gouvernance qui a caractérisé le processus de récupération des terres coloniales après l’indépendance. Ses expériences familiales de la ruralité et sa proximité de l’injustice coloniale vont modeler son caractère au point d’infléchir le cours de sa vie et d’en faire avant tout un militant de la cause des « petits ». En 1953, Paul Pascon va décrocher son baccalauréat, il va s’inscrire d’abord à l’Institut des hautes études marocaines, seul établissement d’études supérieures au Maroc qui forme les cadres du protectorat. Il espérait y trouver les moyens de répondre à son besoin de grands espaces et à la poursuite qui l’avait conduit à effectuer en autodidacte sa première enquête sociologique sur le système des droits d’eau dans l’oued Drâa et l’oued Ziz. Il le quitte une année plus tard pour rejoindre la métropole. Entretemps, il a participé à quelques enquêtes initiées par les services de la Résidence sur l’émigration des Soussi (Sud du Maroc) vers les mines de Jarrada (Oriental). En France il opte, en l’absence d’une filière sociologique, pour la biologie et ce n’est qu’en 1956 qu’il va intégrer le département de sociologie