Qu’est-ce que le soufisme ?
I- Qu’est-ce que le soufisme ?
1- Définition des termes L’invention du mot ṣūfī semble remonter à la fin du VIIIe siècle, bien après la mort du Prophète et de ses Compagnons. Mais les soufis évitent pour eux-mêmes l’usage de ce mot, et préfèrent se désigner de façon allusive : « gens du voyage », « gens de la caverne », « fils de l’instant », « pèlerins », « faméliques »... ou simplement les « pauvres » (fuqarā’) par référence au verset coranique « Vous êtes les pauvres devant Dieu, et Dieu est le Riche » (Coran, XXXV, 15). Il s’agit d’une attitude de renoncement à l’égard du monde, et d’effacement devant la grandeur infinie de Dieu : c’est « délaisser tout ce qui flatte l’âme », c’est un ascétisme, une mortification sublimée. Les deux concepts clés du soufisme, taṣawwuf, sont la ṭarîqa et la Ḥaqīqa, la « voie » et la « Vérité », le moyen et la fin. À l’origine du soufisme (comme de la Loi musulmane, šarī’a) se trouvent le Coran révélé, son transmetteur providentiel Muḥammad et les traditions prophétiques (ḥadīṯ). Pas tout à fait une mystique : contrairement au mysticisme, le soufisme sous-entend un enseignement doctrinal et une méthode de réalisation. Il implique la transmission (silsila) d’un influx spirituel puissant (baraka) de maître à maître, qui est en quelque sorte le « secret » de la ṭarîqa. En fait, les soufis sont avant tout des « intellectuels contemplatifs » même si on dit que ce sont des mystiques. 2- Les principes du soufisme La tradition islamique se présente sous deux aspects : • l’un d’ordre « religieux » c’est la šarî’a, la grande « route » du salut, ouverte à tout homme de bonne volonté, se soumettant aux exigences minimales, pratiques et morales, de la Loi révélée. • L’autre d’ordre « métaphysique », relève d’un principe intellectuel : c’est la ṭarîqa, voie étroite conduisant à la ḥaqîqa (la « Vérité ») et à sa réalisation en l’homme. Le soufisme ne remet pas en cause la doctrine fondamentale de l’islam, celle de l’unité (tawḥîd).