« J'ai pris sa mort pour vraie, et ce n'était qu'une feinte. » déclare Pridamant à la fin de L'Illusion Comique (sc. 6).Quelles réflexions vous inspire la notion d'illusion appliquée au théâtre ?

Le théâtre est, dans sa nature même, une illusion : des éléments fictifs agencés de manière à ce que les spectateurs les croient vrais. C'est une représentation qui se veut la plus proche possible du réel, mais qui en reste une imitation, même dans le cas d'une mise en scène et de jeux d'acteurs exceptionnels.
Pridamant déclare « J'ai pris sa mort pour vraie, et ce n'était qu'une feinte. », à la scène 6 de l'Illusion Comique de Pierre Corneille. Il nous est donc montré ici que Pridamant, tout comme les spectateurs, s'est laissé prendre à l'illusion de la mort de son fils Clindor.
Nous sommes donc ici amenés à nous interroger sur la notion d'illusion appliquée au théâtre. Pour cela, nous étudierons dans un premier temps l'imitation du réel, puis comment passer de l'imitation à l'illusion, et par quoi cette dernière est traduite au théâtre.

Selon Aristote, le théâtre est avant tout une imitation fidèle du réel. C'est la mimésis aristotélicienne.
Dans un premier temps, ce sont les auteurs qui mettent l'accent sur le réalisme de la pièce, lors de son écriture même. Ils mettent en scène des actions humaines dont les protagonistes ne le sont pas moins. Parfois même, l'auteur peint le portrait de la société ou dénonce certains comportement à travers ces personnages. Par exemple, dans Macbeth, William Shakespeare dénonce une perversion bien humaine qu'est celle des abus du pouvoir. Dans Le Cid, ce sont des sentiments tels que l'amour ou l'honneur qui se confrontent dans le cœur de Rodrigue. Les personnages, et par conséquent les acteurs, sont indispensables à l'imitation du réel.
Ces derniers perdent leur identité pour le mimésis. Ils deviennent des autres, afin d'être les plus vrais et les plus crédibles possible. Le port de masques et de costumes appuie cette volonté