Le travail de réécriture : du roman au film
Comparaison des chapitres IVet V avec les deux séquences des envoyés du roi
Les concerts à trois violes des Sainte Colombe sont devenus célèbres au point d’intéresser le roi qui envoie successivement deux ambassades à M. de Sainte Colombe : • Au chapitre IV, M. Caignet, conduit par Toinette jusqu’à la cabane du jardin, transmet à Sainte Colombe « furieux qu’on l’eût dérangé dans sa retraite », l’invitation du roi à se « produire à la cour » (p.25). Devant le refus de Sainte Colombe, Caignet insiste : « Le souhait que marque sa majesté est un ordre. » Sainte Colombe renvoie alors l’ambassadeur du roi sans ménagement : « Ses yeux luisirent de colère. » Avant de partir, Caignet se glisse sous la cabane et écoute Sainte Colombe qui s’est remis à jouer et en rend compte au roi : « il lui fit part de l’impression merveilleuse et difficile que lui avait faite la musique qu’il avait entendue à la dérobée. » (p.27)

• Au chapitre V, Caignet réapparaît accompagné de l’abbé Mathieu. L’entrevue avec Sainte Colombe a lieu « dans la salle » où les deux ambassadeurs ont été introduits par Madeleine (p. 28). La violence de Sainte Colombe est alors à son apogée : « Quittez-moi et ne m’en parlez plus ! Ou je casse cette chaise sur votre tête. » « Votre palais est plus petit qu’une cabane et votre public est moins qu’une personne. » (p.30) Le roi finit par renoncer « tout en enjoignant à ses courtisans de ne plus se rendre à ses assemblées de musique parce qu’il était une espèce de récalcitrant et qu’il avait eu partie liée avec ces Messieurs de Port Royal, avant qu’il les eût dispersés. » (p.32)
Les deux scènes du film de Corneau suivent apparemment très fidèlement ces deux chapitres du roman mais la mise en images permet une mise en évidence encore plus violente de la confrontation du monde fastueux de la cour avec la retraite de M. de Sainte Colombe, d’une austérité toute janséniste. Cette comparaison permet aussi de mettre