Monsieur de Sainte-Colombe pleure la disparition de son épouse en se réfugiant au fond du jardin, dans une cabane où il compose ses œuvres. Il compose pour son épouse, pour leur amour toujours vivant, pour une peine toujours vive, pour une vie qui s'est arrêtée avec le départ de l'aimée, le Tombeau des Regrets. Sans cesse, il manie l'archet sur la viole, sans cesse, il est à la recherche du geste parfait qui fera sortir de l'instrument le son parfait, dans la plénitude d'une gestuelle créatrice. Sans cesse, il joue dans le souvenir de l'être aimé, dans la solitude qui lui fait oublier parfois ses filles. Il se retire tellement en lui-même qu'il en devient froid, austère et distant avec le monde, jouant pour un cercle très fermé de mélomanes, n'acceptant plus d'élève à former. Jusqu'au jour où un jeune homme, Marin Marais, vient frapper à sa porte pour devenir son élève, le poussant dans ses plus lointains retranchements, c'est à dire le chasser car même s'il maîtrise divinement la viole, il ne sera jamais un musicien. La jalousie n'est pas de mise chez Monsieur de Sainte-Colombe, seulement un amour exacerbé de l'art de la viole, n'acceptant que le don de l'âme du musicien à son instrument et à son inspiration. Marin Marais est aussi la vie, l'amour du monde, le désir de plaire à autrui, et surtout aux femmes, tandis que lui n'est que repli sur soi et méditation musicale, empruntant le chemin du mysticisme inhérent, à ses yeux, à la création artistique. Entre les deux hommes, entre les deux artistes, un duel danse au fil des notes, au fil des dialogues que l'un a avec la mort et l'autre avec la vie, chacun tendu comme une corde prête à céder. Deux mondes s'affrontent: la douleur sombre, illuminant le reste d'une vie, du janséniste Sainte-Colombe, et l'aspiration joyeuse aux lumières d'une carrière brillante à la cour du roi, moteur d'une éternelle ambition, du jeune Marais pour lequel les plaisirs du monde sont indissociables à la vie d'artiste.