L'ironie socratique
Le Socrate historique peut être perçu comme une incarnation du terme eirôn qui signifiait « celui qui interroge, qui pose ou se pose des questions ».1 Platon reprendra ensuite le personnage de Socrate et le façonnera pour en faire la métaphore vivante du concept d’ironie. Comme l’exprime l’auteure Florence Mercier-Leca :
[Le Socrate de Platon] est faible en apparence, inférieur à ses ennemis par la beauté et la considération sociale, mais il va triompher des fausses opinions et rétablir la vérité par son intelligence acérée qui pousse, de façon dissimulée, par un jeu de questions, ses adversaires à se contredire eux-mêmes.2
Ce « jeu des contradictions »3 nommé ironie socratique sera le sujet abordé dans ce court texte. Celui-ci aura pour but de mettre l’accent sur le travail révélateur de ce type d’ironie : révélation de ce qu’est la philosophie; révélation de l’homme à soi-même.
L’ironie socratique est avant tout utile pour initier l’interlocuteur au monde de la philosophie. En effet, l’ironie apporte à la philosophie puisqu’elle tend vers la même finalité, soit l’étonnement qui guide la voie au questionnement4; et s’adresse au même public, c’est-à-dire l’Homme qui est prêt à faire l’effort intellectuel requis pour saisir le message raisonné qui lui est prodigué. Lorsque Socrate s’adresse à Hippias en le questionnant sur un sujet aussi général que le beau, en prétendant qu’il ne peut produire personnellement une réponse à son questionnement, il fait appel à la connaissance naïve du sophiste. De fait, tout questionnement philosophique doit se baser sur un savoir instinctif qui suscite l’interrogation et pousse celui qui se questionne à réfléchir plus intensément à son sujet dans le but d’aboutir à une connaissance qui se rapproche le plus possible de la vérité. 5En conjuguant dialectique et ironie, le Socrate de Platon met à