Analyse du conte "le tic", guy de maupassant
La survivance du trouble à travers l’acte de narration
Au XIXème siècle, le genre fantastique connaît un essor considérable. Guy de Maupassant est l’un des auteurs les plus représentatifs de ce courant. Le plus souvent, ses contes et nouvelles se caractérisent par l’irruption du surnaturel dans le monde réel et la possibilité d’une double interprétation. « Le fantastique, c'est l'hésitation éprouvée par un être qui ne connaît que les lois naturelles face à un événement en apparence surnaturel »[1]. Cette définition, bien qu’elle convienne à la plupart des récits de Maupassant, ne vaut pas tout à fait pour le conte « Le tic ». Précisément, ce dernier donne la possibilité au lecteur d’expliquer le phénomène fantastique et ne se termine pas par un questionnement sans réponse comme dans les autres contes. En effet, l’état cataleptique dans lequel se trouve Juliette avant d’être ranimée est un fait observé et saisi par les scientifiques au XIXème siècle ; l’hypnose est expérimentée sur des patients qui entrent en catalepsie ou en léthargie. Cette suppression volontaire et momentanée des mouvements du corps est un potentiel humain et n’a donc rien de surnaturel. « L’extraordinaire puissance terrifiante d’Hoffmann et d’Edgar Poe vient de cette habileté savante, de cette façon particulière […] de troubler, avec des faits naturels où reste pourtant quelque chose d’inexpliqué et de presque impossible »[2]. Ainsi, ce qui importe dans « Le tic », c’est la visée perturbatrice du phénomène fantastique et la création d’une impression d’incompréhension fondée sur un « fait naturel ». Il n’y a aucune mise en scène d’hésitation entre deux explications. L’intrigue du conte « Le tic » repose sur une maladie physique expliquée. Pourtant, le trouble se répand dans l’esprit du lecteur. Comment Maupassant parvient-t-il à ce résultat ? Toutes ses nouvelles révèlent des stratégies stylistiques et narratives visant cet objectif mais dans « Le tic », leur rôle