Comment mesurer la segregation urbaine ?
2La différenciation sociale des espaces urbains apparaît comme une constante universelle (Smith, 2010), bien qu'elle relève de logiques cumulatives très différentes.
3On peut opposer les mécanismes descendants (« top down ») aux mécanismes ascendants (« bottom up »). D'un côté, en écho à la figure tutélaire d'Hippodamos de Milet (Gruet, 2008), les autorités publiques et administratives peuvent mener une politique délibérée de différenciation des quartiers (Marcuse et van Kempen, 2002). Pour les pouvoirs publics, partitionner l'espace urbain, le scinder en espaces nettement différenciés, c'est donner une existence matérielle aux composantes organiques du corps social : c'est organiser la société. Dans cette optique, la ségrégation entre les activités économiques ou entre les groupes sociaux peut être voulue afin de faire coïncider la réalité de la ville à une vision utopique de la cité (donc de la société) idéale.
4Les mécanismes ascendants résultent quant à eux de la confrontation décentralisée des comportements individuels. Au sein de ces derniers, on peut distinguer avec E. Préteceille (2005) deux types de processus ségrégatifs. Ceux fondés sur l'intentionnalité des individus peuvent prendre la forme d'une discrimination opérée à l'encontre des membres de certains groupes (les Noirs, les étrangers, les pauvres...). Ce premier type de processus peut aussi découler de la recherche active de l'entre-soi par certaines catégories de la population : pour les plus riches, il s'agit d'ajouter une distance physique