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L’indemnisation des victimes d’accidents de la circulation en Europe : Conditions et étendue du droit à réparation Rapport français (version provisoire) Olivier Gout Professeur à l’Université Jean Moulin – Lyon 3
En France, les victimes d’accidents de la circulation bénéficient d’un régime spécifique d’indemnisation mis en place par une loi du 25 juillet 1985, connue sous le nom de la loi Badinter. Cette loi venait répondre à la particularité du contentieux suscité par les accidents de la circulation qui était abordé jusqu’alors sous l’angle du droit commun de la responsabilité et plus particulièrement de la responsabilité du fait des choses de l’article 1384 al. 1 du Code civil1. Il apparaissait en effet que les règles appliquées à ce régime de responsabilité se construisaient presque exclusivement en contemplation de l’indemnisation des victimes de ce type d’accident, ce qui était assez discutable dans la mesure où la responsabilité du fait des choses a vocation à ratisser beaucoup plus large. Par ailleurs il avait été souligné à de multiples reprises l’inadaptation du droit commun aux spécificités des accidents de la circulation, ne serait-ce que parce que ce droit « se contente » de mettre en place un régime de responsabilité et non pas un régime d’indemnisation. Aussi bien l’introduction d’une loi spécifique était appelée de ses vœux par la doctrine depuis de nombreuses années et les premières propositions remontent aux années 1960. La philosophie essentielle du système mis en place par la loi de 1985 est celui d’un système d’indemnisation des victimes fondé sur l’assurance, système d’indemnisation qui ne rompt pas toutefois radicalement avec les logiques du droit de la responsabilité. La loi poursuivait par ailleurs comme objectif de déjudiciariser le contentieux lié à la matière pour accélérer le processus d’indemnisation des victimes. Dans un premier temps au moins, la loi a échoué en la matière. Elle a en effet donné lieu à un contentieux colossal.