Faut-il limiter les désirs ?
INTRODUCTION :
le désir, c'est une tendance, un appétit, vers un objet que l'on a pas et qu'on se représente. A la différence du besoin naturel, qui est défini par la nature dans ses buts, dans ses moyens et dans sa quantité, le désir est conçu par l'esprit. C'est pourquoi il est susceptible d'objets et de formes toujours renouvelés, ce qui le rend potentiellement illimité; nous pouvons toujours désirer quelque chose d'autre. Alors, si la nature ne limite pas les désirs, n'est-il pas nécessaire et sage de limiter volontairement nos désirs ? La sagesse ne consiste-t-elle pas à mesurer et à réduire nos désirs afin de ne pas en être esclaves et de ne pas être sans cesse dans l'insatisfaction ? Mais alors, s'il s'agit de réduire nos désirs, la vie ne consiste-t-elle pas dans le renoncement, l'austérité, l'économie ? N'est-ce pas là une vie morne, tiède, fade ? La grande âme n'est-elle pas celle qui a de grands désirs ? Et n'est-ce pas l'absence d'ambition, de rêves, de désirs qui appauvrit la vie ? Ne s'agit-il pas d'augmenter nos désirs plutôt que de les limiter ?
I- Le désir comme malheur de la conscience :
Le désir, on l'a vu, est sans limites. Déjà, le besoin est indéfini, sans fin, car il renaît sans cesse. Mais le désir ajoute à cela son incessante relance : à chaque fois qu'un objet du désir nous est donné, il nous en faut un autre, différent, nouveau, ressuscitant ainsi le désir émoussé. Sans mesure naturelle, il est infini et insatiable. C'est pourquoi il ne permet aucune satisfaction, aucun bonheur durable et réel. " L'homme oscille, comme un pendule, de droite à gauche entre la souffrance et l'ennui " peut dire ainsi Schopenhauer : il passe de la souffrance du manque au vide de la consommation. On reconnaîtra là le nihilisme profond qui ronge le désir infini, celui d'un Don Juan qui doit multiplier les conquêtes pour ne pas ressentir le vide de la