Introduction et conclusion des regrets de du bellay
Voici une introduction possible pour ce sujet :
Chant sacré, chant apaisant, expression lyrique, la poésie est d’abord pour Du Bellay, une présence capitale, elle est vitale lors même qu’elle offre des tourments dont on tremble de guérir, des difficultés dont on ne voudrait pas s’affranchir.
Car les Regrets n’offrent pas seulement le développement d’un univers imaginaire ou affectif, ils ne sont pas qu’une réflexion morale sur la vi, l’amour ou l’ambition, ils sont aussi la mise en forme d’une esthétique et d’un travail poétique.
On peut alors envisager cette œuvre comme un Art poétique, c'est-à-dire comme une théorie esthétique qui échapperait ici à la raideur du genre par une merveilleuse mise en pratique.
Bien sûr, cette perspective ne fût sans doute pas celle de du Bellay, du moins au premier chef.
Les Regrets cependant, qu’ils soient ou non l’application des théories de la Défense et illustration de la langue française, sont un étonnement plaidoyer pour « l’ornement et l’amplification d’icelle ».
Même s’ils ne sont pas d’abord une œuvre didactique, systématique ou polémique au même titre que la Deffence (sic), ils n’en constituent pas moins (surtout dans les premiers sonnets) une réflexion sur l’art de la poésie dans leurs plus hautes ambitions comme dans leur technique appliquée.
En fait, l’Art poétique ne succède pas ici à la création : les deux sont liés.
Les règles dans l’exemple et l’intention dans l’expression voila donc ce qu’il nous appartient de déchiffrer et de décrire.
On verra que du Bellay, s’il charge la poésie de tout dire du monde, veut en même s’y retrouver.
Il y a là une haute mission qui a quelque chose de divin dans son essence et que les hommes doivent faire un effort pour comprendre.
Mais la poésie est aussi un travail où la liberté personnelle du poète ne peut se développer qu’ne s’appropriant un héritage qui pour du Bellay était essentiellement celui des Anciens.