Justice des mineurs
À propos de la construction de prisons pour mineurs...
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Depuis le 19e siècle, le regard de la société sur la jeunesse s’est transformé. Quelles que soient les stratégies employées par les dirigeants successifs, la logique est restée la même : préserver les intérêts des classes possédantes.
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De l’innocent coupable à l’enfant criminel : de la préservation de l’ordre moral à la mise en place d’un nouvel ordre économique
Au début du 19e siècle, la prise en charge des enfants délinquants, le plus souvent des vagabonds, se veut éducative, il s’agit de préserver l’ordre moral. Les « filles perdues » sont placées dans les institutions religieuses, les « refuges du Bon Pasteur », pour être rééduquées à grands coups de repentance et de pénitence. Les garçons sont, eux, enfermés dans les colonies agricoles pour devenir de bons paysans, loin des villes. On parle à cette période d’« innocents coupables » et on associe la guérison à la punition. Autour de 1840, les révoltes populaires se succèdent en pleine révolution industrielle. Des transformations importantes ont lieu dans la structure même de l’économie et des modes de vie. Les pauvres sont contraints de quitter les campagnes et leurs activités vivrières pour devenir ouvriers en ville. Le vagabondage et le chapardage sont d’autant plus réprimés que ces pratiques viennent entraver la mise en place progressive du droit à la propriété privée. On assiste à un renforcement des perspectives pénitentiaires pour les enfants et à la fin de la dimension éducative de la peine. Aux yeux de la société, « l’innocent coupable » devient « l’enfant criminel ». Jusqu’au milieu des années 1930, la politique répressive à l’égard des enfants va se poursuivre avec la mise en place des colonies pénitentiaires et des bagnes pour enfants. Durant cette période, le travail va être un élément important de la peine : il s’agit de faire du travail une nouvelle forme de subordination, dont le capitalisme industriel en