Le bonheur se donne comme un état de satisfaction qui est à la fois durable et stable. De plus, le bonheur suppose un état de satisfaction global, et non une satisfaction partielle : on peut par exemple obtenir ce que l'on souhaite sur le plan professionnel et être pourtant malheureux parce que d'autres domaines de la vie comme la famille ou l'amour ne nous satisfont pas. Parler de « chasse au bonheur » est donc doublement problematique. D'abord au sens où c'est supposer que le bonheur peut s'attraper comme un gibier, et qu'il réside donc dans un bien extérieur que l'on peut s'approprier. Or, aucun bien extérieur ne suffit à assurer le bonheur puisque le bonheur est un état de satisfaction durable et global, et que le bien en question pourra toujours être perdu, et ne suffira de toute façon jamais à combler entièrement le sujet qui l'obtient. En ce sens, la « chasse au bonheur » reposerait sur une incompréhension de l'essence du bonheur et sur l'illusion que l'obtention d'un bien extérieur suffit à assurer le bonheur. Mais on peut aussi penser que « chasser le bonheur c'est non pas courir après n'importe quel bien extérieur, mais tenter de déterminer les biens véritables. En ce sens la « chasse au bonheur » peut être éclairée, et ne pas être une illusion. De plus, si l'on admet que le bonheur ne consiste pas à jouir passivement d'un bien, mais dans une activité qui permet à l'homme d'exprimer pleinement son essence, cette chasse peut valoir par son activité même, et non en tant qu'elle vise à atteindre un bien extérieur. On peut ici se rappeler que bien des chasseurs reconnaissent eux-mêmes que ce qui les intéresse dans la chasse n'est pas tant de tuer du gibier que d'être en commun avec la nature, au point que certains chasseurs n'abattent pas les proies qu'ils parviennent à acculer.

I/ « La chasse au bonheur » n'est pas judicieuse puisqu'elle n'est qu'un cercle vicieux qui amène toujours au malheur

Le bonheur se définit comme un état de satisfaction