Le travail est-il une contrainte, une obligation ou une nécessité? Que le travail soit une contrainte, une obligation ou une nécessité, il semble qu’il soit dans les trois cas une nécessité : la nécessité de contrainte suppose une force extérieure dénuée de caractère moral, la nécessité d’obligation une force extérieure dotée de caractère moral, enfin il faudra trouver pour nécessité une signification différente des deux précédentes afin de donner tout son sens à l’énoncé qui ne saurait proposer deux fois la même hypothèse sous des noms différents. Ce troisième sens pourrait être envisagé comme plus libre que les deux précédents, de sorte qu’il faudra s’interroger sur le rapport entre nécessité et liberté. Comment une nécessité qui ne soit ni contrainte ni obligation pourrait-elle donner au travail une valeur libératrice si elle est une nécessité ? L’idée que le travail soit une nécessité signifie-t-il qu’on ne peut pas choisir de travailler ou de ne pas travailler, de sorte que la liberté serait ailleurs que dans le choix ? Faut-il d’ailleurs choisir entre ces trois propositions, ou bien le travail pourrait-il être deux d’entre elles, voire les trois ? Mais n’y a-t-il pas une nécessité de choisir entre ces trois définitions du travail de sorte qu’il ne pourrait se définir par les trois propositions mais qu’elles pourraient toutes les trois pouvoir se dire à propos du travail, deux à titre de propriétés contingentes du travail, la troisième à titre de proposition nécessaire suffisant à le définir ? Quoiqu’il en soit, l’énoncé amène à interroger le rapport entre travail et liberté : si le travail est libérateur, pourquoi cherchons-nous à l’éviter ? Et s’il est aliénant, pourquoi ne pas s’efforcer de le supprimer ? Mais s’il faut travailler à faire disparaître le travail, n’y a-t-il pas un paradoxe par lequel on envisage la nécessité de passer par le travail pour s’en affranchir ? S’agit-il de s’en affranchir temporairement ou