La séparation de l'administration active et de la juridiction administrative
Le principe de séparation de l’administration active et de la juridiction administrative est un des principes qui évite la confusion des pouvoirs. Il est à la fois un démembrement du principe de séparation des pouvoirs et un corollaire du principe de séparation des autorités administratives et judiciaires.
Premièrement, ce principe est fonctionnel en ce qu’il a été un facteur d’évolution de la juridiction administrative durant le XIXe siècle.
Deuxièmement, il est doctrinal, car il n’a pas de fondement textuel et il est très rarement invoqué par la jurisprudence.
Troisièmement, il est ambivalent en ce qu’il implique d’une part l’indépendance de la juridiction administrative vis-à-vis de l’administration et d’autre part l’indépendance de l’administration active envers la juridiction administrative. On s’attachera plus particulièrement au premier aspect du principe relatif à l’émancipation de la juridiction puisqu’à l’origine elle était interne à l’administration. Au XIXe, la juridiction administrative est devenue souveraine par la justice déléguée.
Au XXe, son indépendance est garantie par la plus haute protection juridique. Le Conseil Constitutionnel l’a érigé en principe fondamental reconnu par les lois de la République dans sa décision du 22 juillet 1980 « lois de validation ».
Au XXIe siècle, la juridiction administrative bénéficie de pouvoirs de plus en plus étendus qui la rapprochent de l’administration. Si l’indépendance de la juridiction a été acquise sur le plan organique, il semble qu’aujourd’hui, sur le plan matériel, la séparation redevient ambiguë.
Dès lors, on se demande comment ce principe s’inscrit dans les relations entre l’administration et son juge, de l’Ancien Régime à nos jours. Dans un premier temps, on constate le difficile établissement du principe (I) qui, dans un second temps, fait l’objet d’une relativité croissante (II).
I)