Le port
I – Une description pittoresque
Contrairement aux caractéristiques établies par Aloysius Bertrand, qui concevait le poème en prose comme un texte plutôt narratif, voire anecdotique ("Ainsi j’ai vu, ainsi je raconte"), Le Port de Baudelaire est un texte purement descriptif.
1. Une présentation conçue à la manière d'un dictionnaire
- Cf. la tournure de la 1re phrase.
- Des articles indéfinis ("un port", "un séjour", "une âme").
- Le verbe être au présent de vérité générale ("Un port est un séjour charmant" + "[…] sont un prisme").
- Lexique caractéristique du port de plaisance : éléments "techniques" ; lexique spécialiste renvoyant à une réalité portuaire concrète : phares, navires, gréement, môle, belvédère ; mais aussi lexique du loisir : charmant – plaisir.
2. Une marine
Baudelaire, éminent critique d'art, décrit ce port imaginaire comme il décrirait une marine, en insistant sur les lignes et sur l’architecture : formes élancées des navires, verticalité des phares et horizontalité de leurs scintillements, colorations changeantes de la mer. Le port apparaît comme un lieu idéal pour l’artiste, entre l'ampleur du ciel (+ nuages) et la mer miroitante.
3. Un tableau sonore
- La vue n’est pas le seul sens que sollicite le port : la prose poétique de Baudelaire cherche à nous sensibiliser à une certaine musicalité.
- Présence d'allitérations : prisme […] propre à amuser les yeux.
- Allitération [k] et assonances [ou] : contempler couché […] ou accoudé.
- Liens sonores entre "les lasser" suivi de "élancées".
- Triple répétition rythmant la fin du poème : "de ceux qui […] de ceux qui […] de ceux qui".
Transition : le port ainsi décrit par Baudelaire n’est cependant rattaché à aucun lieu géographique connu ; il s’agit donc d’un port imaginaire, d'un espace créé par le poète et répondant aux aspirations de son âme.
II – Le port, source d'évasion pour l’artiste en mal d'inspiration
En caractérisant un port abstrait issu de