Comment caractériser l'école néoclassique ? Un prolongement de la pensée classique L'école classique de Smith-Ricardo-Say se caractérisait par un ensemble de problèmes que l'on considérait comme dignes d'être étudiés et par un ensemble de concepts et de méthodes qui permettaient d'y voir plus clair. Parmi ces concepts ou méthodes, il faut citer en premier et à part ce qu'on appelait volontiers la loi de l'offre et de la demande. Cette loi ressemblait aux grandes lois des sciences physiques car elle s'appliquait à une multitude de circonstances qu'on aurait, sans elle, traitées de façon séparée. La loi en question permit ainsi d'unifier et d'affiner les analyses du salaire, de la démographie, du prix des denrées, de la monnaie, des impôts, du progrès technique, du prêt à intérêt, etc. Le mot loi n'avait pas ici un sens mathématique et on ne définissait pas très précisément ce qu'étaient une offre et une demande. Cette imprécision, la plupart du temps, n'empêchait pas les auteurs classiques de concevoir des raisonnements très rigoureux et très judicieux. Mais, dès le début du XIXe siècle, quelques économistes isolés que nous avons plus haut appelés des précurseurs de l'école néoclassique, ont cherché et ont réussi à préciser ces notions d'offre et surtout de demande à l'aide des mathématiques. Les plus notoires furent un Français, Cournot en 1838 et un Allemand, Von Thünen (publié en 1857 à titre posthume), tous deux classiques et s'affirmant comme tels, leur ambition initiale n'étant en somme que de rendre plus rigoureux certains raisonnements de base de leur maître commun, Ricardo. Nos trois pères fondateurs du marginalisme des années 1870, d'une certaine façon, n'ont fait que continuer cet effort de clarification de la pensée classique en se servant de la fonction d'utilité pour définir sans équivoque la notion de demande et de la fonction de production pour définir l'offre (encore que cette dernière fût plus tardive et joua un moindre rôle). Ces apports