Note de lecture sur Jean-Aubert Loranger et son double
Dans Jean-Aubert Loranger et son double1, Denis Sauvé tente de déterminer l’influence de Joë Folcu, un personnage fort singulier, sur les contes écrits par le québécois Jean-Aubert Loranger.
Dans la première partie du texte, l’auteur de l’essai revient sur l’ensemble des créations de Loranger. Des vers libres, « que les lecteurs québécois ne pouvaient alors apprécier, voir comprendre »2, Loranger va favoriser peu à peu l’écriture narrative, apprend-t-on. Les contes publiés par la suite, au style difficilement définissable, sont appréciés par Sauvé, qui reconnaît « [leur] fraîcheur sophistiqué »3, due, entre autres, à leur grande brièveté. Par contre, ce qui retient le plus l’attention de l’essayiste, c’est la régulière manifestation de « procédés combinatoires surprenants »4 dans la langue et la narration, qui restera au centre de son analyse par la suite.
La seconde partie de l’énoncé est plutôt consacrée au fameux Joë Folcu, un personnage qui « éclipse progressivement les autres »5, ainsi que son impact sur le texte. Véritable contradiction en soi, Folcu reflète bien la dualité présente dans le conte lorangien, d’après l’analyse de Sauvé. Selon lui, « [le] discours se met entièrement au service du récit »6 alors que la parole de Folcu « s’entremêle à la voix du narrateur comme si ce dernier cherchait à raconter à la manière de Joë Folcu. »7 Les contes « évolue[nt] progressivement vers une forme orale »8 où Folcu est d’une grande utilité, puisqu’utilisable à tout escient.
À la toute fin de son texte, Sauvé revient sur l’idée selon laquelle « Loranger a fait de la parole, des potentialités du langage, son thème principal »9 et que Folcu, dans toute son originalité, est le premier « complice » de cette transition vers l’oralité.
Commentaire
Ce qui étonne le plus, à la première lecture de l’essai étudié1, ce sont à la fois la qualité de la réflexion de son auteur et la manière dont cette réflexion est présentée : c’est donc sur ces deux aspects que