Relation hamm et clov maître/valet
Avec Hamm et Clov, Beckett réécrit le couple maitre-valet, typique de la comédie. Clov, qui dès le début attend que Hamm le « siffle » et qui dit qu' « on ne peut plus le punir », joue le valet. Il a soi-disant toujours « à faire », et se retire de temps à autre dans sa cuisine. Hamm, quant à lui, incarne le maitre qui assène des ordres : « Prépare-moi, je vais me coucher », « va chercher le drap ». C'est lui qui détient « la combinaison du buffet » contenant les réserves de nourriture, et qui, par conséquent, est responsable de l'entretien de son valet. Hamm se présente comme un homme riche, qui autrefois avait « ses pauvres », que Clov allait visiter « à cheval », à qui la Mère Pegg venait demander du pétrole et à qui il refusait sa lumière.
Pourtant, si Hamm exerce sa tyrannie sur Clov en lui assénant une série d'ordres auxquels celui-ci se soumet avec une exaspération croissante, Hamm, en raison de sa cécité et de sa paralysie, est totalement dépendant de Clov. Clov, ce sont les jambes et les yeux de Hamm. La vulnérabilité de Hamm est mise à nu lors de l'épisode du rat, qui le terrorise. Le tyrannique Hamm apparait alors comme un petit garçon qui appelle son père, a « envie de faire pipi », tandis que Clov va « chercher le cathéter ». Ce mot technique emprunté à la médecine, peu usuel, souligne l'abîme séparant les deux personnages, l'infantilité de Hamm d'un côté, la rigidité adulte de Clov, homme compétent et rationnel, de l'autre. Aux propos désordonnés de Hamm qui cherche coûte que coûte à maintenir la parole vivante, s'oppose la parole rationnelle de Clov : « Tu crois qu'il y aura des squales ? » demande Hamm. « S'il y en a, il y en aura », répond Clov. Loin de céder aux chantages de Hamm, Clov se contente souvent de tirer la conséquence logique des menaces de celui-ci, comme si elles n'avaient aucun impact réel : « Je ne te donnerai plus rien à manger », menace Hamm, « alors nous mourrons ». Et Hamm à plusieurs