27 Mai 1980 : Congrès international de démographie historique « Malthus hier et aujourd’hui » à Paris.
L’essai de 1798 (19 chapitres) diffère de celui de 1803 :
Jacques Dupâquier, Avez-vous lu Malthus ?
Selon le premier essai, « la grande question à débattre aujourd'hui est celle de savoir si l'homme va s'élancer, à une allure accélérée, vers un progrès sans limite, encore inimaginable, ou bien s'il est condamné à osciller perpétuellement entre le bien-être et la misère, tous ses efforts le laissant toujours à une distance incommensurable du but poursuivi ». Quant à l'objet du second, c'est « d'examiner les effets d'une grande cause, intimement liée à la nature humaine, qui a agi constamment et puissamment dès l'origine des sociétés », pour arrêter les progrès de l'humanité ou l'accroissement de son bonheur. On voit la nuance : le problème posé en 1798 est considéré en 1803 comme résolu.

On a donc l'impression d'une sorte de dérapage de la pensée de Malthus : à l'origine, le Principe de la population n'était pour lui qu'une arme de choix contre le discours utopiste. En cours de rédaction, son attention aurait été attirée par une proposition incidente de Godwin :
« II y a un principe dans la société humaine qui retient constamment la population au niveau des moyens de subsistance. Ainsi, chez les tribus nomades d'Amérique et d'Asie, on ne constate jamais, tout au long des siècles, que la population ait augmenté au point de rendre nécessaire la culture du sol ». Pour Malthus, « ce principe, dont Godwin parle comme de quelque facteur mystérieux et occulte, et qu'il n'essaie pas d'approfondir, s'avère être l'écrasante loi de la nécessité : la misère et la peur de la misère ». Et voilà ce qui intéresse désormais Malthus.

Son Essai est un pamphlet où il y dénonce les utopies, les illusions et les erreurs dont s'était nourrie la génération précédente : la croyance au progrès indéfini, la thèse de la perfectibilité de l'homme, la théorie rousseauiste selon