Texte de gaulle 1966. retrait cdt intégré otan
« En 1958, j’estime que la situation générale a changé par rapport à ce qu’elle était lors de la création de l’OTAN. Il me semble assez invraisemblable que, du côté soviétique, on entreprenne à marcher à la conquête de l’Ouest, dès lors que tous les Etats y ont retrouvé des assises normales et sont en progrès matériel incessant. Le communisme, qu’il surgisse du dedans ou qu’il accoure du dehors, n’a de chances de s’implanter qu’à la faveur du malheur national. Le Kremlin le sait fort bien. Quant à imposer le joug totalitaire à trois cent millions d’étrangers récalcitrants, à quoi bon s’y essayerait-il, alors qu’il a grand peine à le maintenir sur trois fois moins de sujets satellites ? Encore faut-il ajouter que, suivant l’éternelle alternance qui domine l’histoire des Russes, c’est aujourd’hui vers l’Asie, plutôt que vers l’Europe, qu’ils doivent tourner leurs soucis à causes des ambitions de la Chine et pourvu que l’Ouest ne les menace pas. Par-dessus tout, quelle folie ce serait pour Moscou, comme pour quiconque, de déclencher un conflit mondial qui pourrait finir à coup de bombes, par une destruction générale. Il n’y a pas de régime, si écrasant qu’il soit, capable de maintenir indéfiniment en état de tension belliqueuse des peuples qui pensent qu’ils ne se battront pas. Tout donne donc à croire que l’Est ressentira de plus en plus le besoin et l’attrait de la détente.
Du côté de l’Occident, d’ailleurs, les conditions militaires de la sécurité sont devenues, en douze ans, profondément différentes de ce qu’elles avaient été. Car, à partir du moment où les Soviets ont acquis ce qu’il faut pour exterminer l’Amérique, tout comme celle-ci a les moyens de les anéantir, peut-on penser qu’éventuellement les deux rivaux en viendraient à se frapper l’un l’autre, sinon en dernier ressort. Mais qu’est ce qui les retiendraient de lancer leurs bombes entre eux deux,