Tout les matins du monde orphée
Quelle utilisation le roman et le film font-ils du mythe d’Orphée et Eurydice ?
Dans le roman de Pascal Quignard Tous les Matins du Monde et dans l’ interprétation cinématographique d’Alain Corneau, nous sommes présenté à Monsieur de Sainte Colombe, un homme profondément marqué par la mort de sa femme. Dès lors, la mort semble prendre le dessus sur sa vie, à tel point que Madame de Sainte Colombe, sa femme, apparaît aux yeux de son mari. C’est cette frontière si faible entre le mort et le vivant qui nous permet d’établir un parallèle entre l’histoire de Sainte Colombe et le mythe d’Orphée et Eurydice.
Tout d’abord, ce sont les similarités entre Sainte Colombe et Orphée qui nous interpellent. Les deux hommes semblent incapables d’accepter la mort. Quoiqu’ils le manifestent différemment, ils refusent tout deux de reconnaître la mort de leurs femmes. En effet, Orphée manifeste son refus probablement de la manière la plus radicale en allant à l’encontre de la nature, en défiant les dieux, lorsqu’il se rend aux Enfers pour récupérer Eurydice, pour la ramener au monde des vivants. De son côté, Sainte Colombe lui aussi effectue une sorte de descente aux Enfers. Lors de l’une de ses « visitations », Madame de Sainte Colombe quitte son mari en s’éloignant sur la rivière dans sa barque. La séparation étant trop difficile pour Sainte Colombe, il se jette à l’eau et tente de la suivre mais elle est déjà re-partie. Symboliquement, la rivière nous rappelle le Styx, l’un des fleuves des Enfers où repose toutes les âmes des morts, et la barque celle de Charon, le passeur qui emmenait les âmes des morts vers l’Achéron dans la mythologie grecque, qui est aussi le titre de l’un des morceaux de Sainte de Colombe, « la barque de Charon ». En plongeant dans la rivière, Sainte Colombe « descend aux enfers » en tentant de récupérer sa femme tout comme l’a fait Orphée. Toutefois, chez Sainte Colombe, le refus d’accepter la mort de sa femme