Télécoms : les équipementiers dans la tourmente
2007, annus horribilis pour les équipementiers télécoms. D’abord, il y a eu l’annonce par Alcatel-Lucent en février de la suppression de 12 500 emplois dans le monde, dont 1 468 en France, soit 12 % des effectifs. Puis en juin dernier, le canadien Nortel a déclaré son intention de supprimer d’ici la fin de l’année prochaine 2 900 postes, dont 180 dans l’Hexagone, et d’en transférer 1 000 autres vers des pays à bas coût. Pourtant le secteur ne connaît pas la crise, mais ses acteurs sont soumis à rude épreuve par les changements de leur environnement et l’arrivée de nouveaux concurrents venus de Chine.
Longtemps, les équipementiers ont eu la vie belle. Lorsque la concurrence n’existait pas encore dans les télécoms, ils bénéficiaient d’une rente de situation en tant que fournisseurs des monopoles publics. Alcatel ou Siemens pouvaient facturer au prix fort les infrastructures ou les terminaux qu’ils vendaient à France Télécom ou à Deutsche Telekom : la baisse des coûts n’était pas une obsession pour ces opérateurs, les usagers du téléphone étant alors des clients captifs. Avec la libéralisation du secteur dans les années 1990, l’activité des équipementiers a redoublé, portée par l’apparition de nouveaux acteurs, le développement du mobile et de l’internet. Malgré l’éclatement de la bulle Internet en 2000-2001, « entre 1991 et 2004, le chiffre d’affaires du secteur des technologies de l’information dans l’OCDE a été multiplié par 2,7 pour atteindre plus de 1000 milliards de dollars, soit une croissance annuelle de près de 10 % par an », note dans son rapport d’étape (voir pour en savoir plus) le groupe de travail « sur les perspectives du secteur des télécommunications en France et en Europe », mis en place par le précédent gouvernement début 2007 afin de proposer des pistes pour l’intervention publique.
Mais pour les équipementiers, les temps ont changé. L’heure n’est plus à la surchauffe comme pendant les années