Ubu roi
Le comique de répétition structure cette scène en profondeur. Il s’agit d’un véritable jeu de massacre auquel se livre Ubu, dans la plus pure tradition du Guignol. Jarry a mis en place une véritable machine comique reposant sur la répétition, puisque l’exécution de chaque noble et de chaque magistrat suit le même schéma minimaliste : après une question sur l’identité et l’état de la fortune, Ubu fait tomber les candidats au décervelage dans les sous-sols du Prince-Porc et de la Chambre-à-Sous, au cri de « dans la trappe ». Chaque noble est différent, mais le schéma reste le même, broyant impitoyablement les personnages, totalement réifiés (= réduits à l’état de choses). Les protestations des financiers (elles-mêmes répétitives) auront pour seul effet de les faire massacrer de la même manière. C’est le triomphe de l’imposture : par la folie d’un seul homme, la noblesse, les lois et l’économie sont abolies. La situation devient absurde car cette extermination s’apparent à une scène de foire où tout effet pathétique ou tragique est exclu.
b) Le comique visuel et gestuel
Le comique de geste est hérité de la farce qui met le corps en avant (avec des scènes de bastonnades notamment (> Cf Les fourberies de Scapin de Molière). Ici, il faut imaginer Ubu attrapant les nobles et les financier avec le crochet et les mettant dan la trappe. Les didascalies insistent sur les corps de ces victimes se débattant en vain comme des marionnettes, des pantins désarticulés.
c) Le comique verbal
A l’image de la scène la première réplique de Ubu est caractérisée par les répétitions du mot « noble » dont l’omniprésence verbale contraste avec leur disparition physique.
Fidèle à son habitude, Ubu crée aussi des néologisme comme « bouffre, bouffresque » qui est un mot-valise formé à partir de la superposition de « bougre » et « bouffe ». Il s’agit d’une des insultes préférées du personnage.
Jarry fait