Mondo et autres histoires

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Celui qui n'avait jamais vu la mer

Daniel aurait aimé s’appeler Sinbad, comme le marin voyageur des légendes d’Orient. Il aimait la mer, pas celle des jeux et de la pêche, il aimait l’autre mer. La terre l’ennuyait, la musique, les films, les choses des hommes l’ennuyaient. Le lycée l’ennuyait. Nous savions tous qu’un jour il partirait, qu’il aurait disparu un matin. C’est en septembre qu’on a trouvé son lit vide, dans le dortoir, pas même défait. La police, les professeurs, les surveillants l’ont cherché, mais nous savions qu’il était loin, et nous étions contents pour lui. Et puis, du jour au lendemain, les adultes on cessé de parler de Daniel, comme s’il n’avait jamais existé.

Il faisait sûrement nuit quand Daniel a atteint sa destination, en train, dans une grande gare vide et froide. Il pleuvait, le vent soufflait. Après un court repos dans une cabane, le jour s’est levé. Et Daniel a enfin vu la mer, immense, d’un bleu profond, agitée de vagues qui avançaient vers lui. Daniel n’avait plus de mots. « La mer, la mer… », c’est tout ce qu’il répétait. Il prit sa course, sauta par-dessus le varech, tituba dans le sable, courut vers l’horizo

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