Mondo et autres histoires

par

La roue d'eau

Le soleil n’est pas encore levé sur la chaude terre de Maurétanie que Juba s’éveille. Sans bruit, pour ne pas déranger son père, son frère, sa mère, ses deux sœurs, il sort dans la nuit fraîche et marche sur le sentier le long du fleuve. La terre, l’eau, les insectes, tout s’éveille lentement tandis que la brume glisse sur les eaux calmes. Juba traverse les champs déserts et passe le sommet d’une colline. Là, deux bœufs entravés l’attendent. Il les détache, les mène à la noria, la machine qui, tirée au pas lent des bœufs, va puiser l’eau du puits pour arroser les champs des hommes. 
Les bœufs se placent dans le cercle creusé par leurs pas et se mettent à cheminer. Juba les excite en faisant claquer sa langue et les cingle d’une baguette. Le soleil se lève enfin, éclairant brusquement la terre rouge. Les femmes allument les braseros, les premiers cris d’enfants retentissent. Une voix appelle Juba, longuement, au loin : « Ju-uuu-baa ! ». L’eau coule maintenant dans la gouttière et ruisselle vers les champs. Alors Juba s’assied, enveloppe sa tête dans la toile blanche de son vêtement, et écoute le chant
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