Dora Kaliayev

Créon, qui est lui pragmatique. Ils ont tous deux une conception très différente du bonheur. Nous pouvons également citer Les Justes, de Camus, où nous trouvons une vision de la justice différente pour Stepan qui préfère la violence et pour Dora, Annenkov et Kaliayev qui la préfère plus modérée.

réfléchir quant à l'importance de leurs actes. A la fin, ils apparaissent grandis et plus mûrs qu'au début de la pièce. Ils ont alors pris conscience de l'importance de leurs actes et sont donc prêt à en assumer les conséquences. C'est ainsi que Dora, après Kaliayev, est prête à sacrifier sa vie pour défendre une cause qui lui paraît juste. Malgré toutes les indications et procédés que nous avons pu étudier précédemment, le metteur en scène garde tout de même une grande liberté dans le choix de la

fortement des idées de Marx, qui au début semblaient très proches. En effet, le nihilisme est pour Camus la perversion de la révolte, et il l’exprime implicitement dans la pièce « Les justes », écrite en 1948. À travers les personnages de Kaliayev, Annenkov et Dora, trois terroristes appartenant au parti socialiste révolutionnaire, Camus nous transmet l’idée que quelles que soient les raisons, il y a des limites à ne pas franchir dans l’utilisation de la force. C’est le sens de la « mesure » qui sépare

(révolutionnaires), est-on un criminel lorsqu'on « élimine » un symbole du despotisme -en l'occurrence le grand-duc de Russie ? Doit-on prendre en compte les dommages collatéraux ? (Kaliayev renonce à lancer sa bombe la première fois car le grand-duc est entouré d'enfants). Est-ce la haine (Stepan) ou l'amour (Kaliayev, Dora) qui doivent guider l'action ? Doit-on une fois l'attentat commis, s'en remettre à un Dieu cruellement absent ou aux hommes « justes » à venir ? La fin justifie t-elle les moyens 

Tout le monde se prpare, le complot se met en place. Le lendemain, tout est prt Stepan fait le guet au-dehors. Yanek se tient prt lancer la bombe. Alexis attend plus loin avec une deuxime bombe au cas o Yanek raterait son coup. Boris, le chef, et Dora, celle qui a fabriqu la bombe, sont dans leur appartement et attendent lexplosion. En vain. Stepan, furieux, remonte lappartement, affirmant quon aurait jamais d se fier Yanek, ce pote, ce rveur, incapable de lancer des bombes. Yanek arrive et explique

Albert Camus, op.cit., p.281 CAMUS Albert, Les Justes, s.l, Edition Gallimard, 1950, p.7 43 vraisemblable ce qui était déjà vrai. J’ai Même gardé au héros des Justes Kaliayev le nom qu’il a réellement porté80. » Ainsi, afin de représenter au mieux ces personnages, Camus a gardé un souci de vérité. Dans la pièce, Kaliayev, un intellectuel bourgeois qui vient de rejoindre le groupe, est chargé d’envoyer la bombe. Cependant, au moment où il souhaite passer à l’acte, il aperçoit le Grand-duc accompagné

monde se prépare, le complot se met en place. Le lendemain, tout est prêt : Stepan fait le guet au-dehors. Yanek se tient prêt à lancer la bombe. Alexis attend plus loin avec une deuxième bombe au cas où Yanek raterait son coup. Boris, le chef, et Dora, celle qui a fabriqué la bombe, sont dans leur appartement et attendent l’explosion. En vain. Stepan, furieux, remonte à l’appartement, affirmant qu’on aurait jamais dû se fier à Yanek, ce poète, ce rêveur, incapable de lancer des bombes. Yanek arrive

le recours à la violence de l'acceptation de leur propre mort. Une première fois, l'attentat qu'ils projettent échoue. Le poète Kaliayev, chargé de lancer la bombe sur la voiture du grand-duc, a hésité en y voyant des enfants. Il renouvelle sa tentative quelques jours plus tard, avec succès cette fois; lorsqu'il meurt, sans avoir consenti à dénoncer ses complices, Dora qui l'aimait demande à lancer la prochaine bombe pour rejoindre son ami dans la justice et dans la mort. La nécessité de recourir

dernier chapitre du livre. 324 L'homme révolté, op. cit., p. 370. 325 Simon, Pierre-Henri, Théâtre et destin, op. cit., p. 205. 326 TRN, p. 300. 323 322 104 Kaliayev et à quelques-uns de ses camarades. En 1905, un groupe de révolutionnaires russes prépare un attentat contre le toutpuissant grand-duc. Mais au moment venu, Kaliayev, le personnage principal, refuse de lancer la bombe parce que deux enfants se trouvent dans la calèche aux côtés du grand-duc et de sa femme. Au retour, il doit affronter

représentants secondaires du régime n’ont pas cessé, l’Organisation de Combat du parti socialiste révolutionnaire naît, en 1903, et groupe les figures les plus extraordinaires du terrorisme russe. Les meurtres de Plehve par Sazanov, et du grand-duc Serge par Kaliayev, en 1905, marquent les points culminants de ces trente années d’apostolat sanglant et terminent, pour la religion révolutionnaire, l’âge des martyrs. Le nihilisme, étroitement mêlé au mouvement d’une religion déçue, s’achève ainsi en terrorisme