Humanisme
Les humanistes à la Renaissance, ces hommes qui redécouvraient l’Antiquité avec enthousiasme, n’avaient pas achevé ce renversement. L’homme pouvait prendre plus de place dans la pensée et dans les arts sans se substituer à Dieu au centre de tout. Les figures humaines sculptées par Donatello, peintes par Holbein ou décrites par Thomas More ne se prennent nullement pour des dieux. Elles ne sortent pas de leur orbite. Dans leur nudité, dans leur vérité, elles inspirent au contraire la compassion. On est surtout frappé par leur humilité.
Cet humanisme renaissant est un humanisme chrétien. L’homme s’observe et se représente lui-même, mais à la lumière du Dieu dont il s’est distingué depuis le Moyen Âge, avec pour lui-même autant de compassion que d’admiration. La révolution copernicienne inversée s’accomplira plus tard, avec Kant.
Elle est accomplie quand Napoléon rencontre Goethe à Erfurt en 1808. Le maître des hommes dit au maître de leur esprit : «Vous êtes un Homme» (autre interprétation, il aurait dit de Goethe: «Voilà un Homme». Ce mot a inspiré le commentaire suivant à Paul Valéry: «Vous êtes un Homme. Un Homme? C’est-à-dire une mesure de toutes choses et c’est-à-dire un être auprès duquel les autres ne sont que des ébauches et des fragments d’hommes, des hommes à peine, car ils ne mesurent pas toutes choses comme nous le faisons vous (Goethe) et moi (Napoléon).»
L’homme ici n’est pas seulement la pyramide qui sert à mesurer les ombres à ses pieds, il est aussi le soleil qui éclaire la pyramide.
Valéry emprunte l’expression mesure de toutes choses à Protagoras, l’auteur de cet aphorisme souvent cité dans les discussions sur l’humanisme: «L’homme est la mesure de