Le désir n'est-il que l'expression d'un manque ?

Introduction :
Lorsque nous désirons, nous avons l'impression que notre bonheur dépend de la satisfaction de ce désir. Nous ressentons comme un manque le fait de ne pas posséder l'objet de notre désir. En ce sens, on pourrait définir le désir comme une tendance vers un objet que l'on se représente comme une source de satisfaction. Or, la satisfaction d'un désir singulier entraîne plaisir ou joie, ce qui ne doit pas être confondu avec le bonheur. La nature du désir est donc en elle-même créatrice d'illusion : lorsque nous désirons, notre bonheur entier nous semble dépendre de notre désir ; une fois le désir assouvi, notre bonheur nous semblera dépendre d'un nouveau désir qui ne tardera pas à émerger.
D'un côté, chaque désir est vécu par le sujet comme le manque de tel ou tel objet ; d'un autre côté, si le désir ne résultait que du manque de tel ou tel objet, il serait impossible de comprendre pourquoi, une fois ce manque comblé, le désir renaît. On pourrait alors penser que le désir est l'expression non pas du manque de tel ou tel objet, mais d'un manque plus fondamental, lié à la condition humaine. Ce manque fondamental doit-il être considéré comme une imperfection ?
D'un côté, le désir exprime un manque qui ne peut être comblé, ce qui nous amène à réguler, voire à supprimer nos désirs afin de ne pas en être la proie ; d'un autre côté, par la force-même qu'il déploie pour combler ce manque, le désir est créateur et moteur de la culture.
Le désir est vécu communément comme un manque, le manque de tel ou tel objet ; cependant, nous nous rendons vite compte que ce manque vécu est créé par le désir lui-même et par les représentations qu'il fait naître ; il faut alors remonter à un manque plus fondamental, lié à la condition humaine, pour comprendre la nature du désir mais aussi sa puissance créatrice.

I. Le désir exprime un manque d'avoir : le désir selon l'opinion commune

a. On ne peut désirer que ce qu'on