Le droit naturel chez Platon et Aristote
« La justice politique elle-même est de deux espèces, l'une naturelle, l'autre légale. Est naturelle celle qui a partout la même force et ne dépend pas de telle ou telle opinion » (Aristote, Éthique à Nicomaque, V, 10, 1134b). Comment négliger quand, comme ici, nous essayons de cerner le droit naturel, la place centrale qu’avait la nature dans la Grèce antique ? En effet la cité grecque se conçoit comme image du cosmos, l’homme n’est que désordre en celle ci, il est donc juste qu’il essaye en la cité de rétablir un ordre identique à celui premièrement établit par une force symbolisant le juste et l’équilibre parfait. Afin d’ordonner la cité selon cet équilibre il est nécessaire que les lois soient là l’image du cosmos ; ainsi dans la Grèce antique le droit est naturel semble devoir être interpréter au sens premier du terme. C’est avant tout chez Platon que l’on discerne l’accomplissement théorique de cette vision du droit ; ainsi quand Platon évoque le politique il évoque un outil extérieur à l’homme, le politique est ce dont l’homme use afin d’établir et presque de rétablir un ordre juste dont l’image serait le droit naturel contenu en chaque homme. En prenant en base même un ordre extérieur Platon se démarque ici déjà d’Aristote qui, bien qu’inscrit dans son temps, pense le politique comme nécessaire à l’homme en tant que tel ; le politique est chez Aristote une fin et une fatalité pour l’homme qui sans cette science première ne peut vivre car alors il ne peut être en société. Chez Platon le philosophe bien qu’idéalement exerçant la maïeutique peut vivre dans le juste et dans son droit sans être réellement dépendant de la société. Le droit naturel est alors conçu comme un retour à l’ordre juste des choses, cet ordre se doit d’être découvert par l’homme c’est de se juste, réelle fin, que peut alors découler une prise de conscience de ce qui serait naturel et qui dépasserai donc l’être.