Tous les matins du monde
La fiction agit comme un miroir de la vie des humains, miroir plus ou moins déformant, suivant les ambitions réalistes ou fantaisistes des auteurs.
La musique : temporalité unique ; l’auditeur écoute le déploiement du son, qui ne renvoie à aucune autre temporalité (sauf dans l’opéra qui possède une dimension fictionnelle à laquelle se subordonne la musique). La musique, au contraire du langage, n’est pas signe, ne distingue pas le signifiant et le signifié, ne renvoie à rien d’autre qu’elle-même. On ajoutera qu’il y a concordance temporelle entre le temps de l’exécution par l’interprète et de l’audition (mais pas entre la composition et l’exécution). Enfin, tant que la musique n’est pas interprétée, elle n’existe qu’à l’état latent sur la partition (point commun avec la représentation théâtrale).
Ainsi, la fiction parle aux humains des humains, selon un entrelacement temporel subtil. La musique s’adresse aux humains selon une temporalité simple, mais pas pour « dire » quoi que ce soit ; ce n’est pas un langage. L’opéra tente de tisser des liens entre elle et le langage. Certaines théories de la musique tentent d’établir des ponts entre l’agencement de ses sons et le langage, mais ce mode de représentation ne peut être que métaphorique. C’est ce que fait la musique baroque, qui avait pour ambition