L'art : un luxe ?
Aujourd’hui, l’art, et l’art de l’époque de façon idéale-typique, est un luxe : dans la gamme, la panoplie des moyens de signification sociale, l’art contemporain, mais pas seulement, fait partie des attributs de la réussite sociale. En ce sens, il est un luxe, au même titre que n’importe quel autre bien dont le libellé, la facture, dans tous les sens du terme, dit quelque chose de celui qui le possède. Et l’art de l’époque de lui ressembler : l’art contemporain, c’est l’art du marché. Un art conçu par et pour les acteurs du marché. Un espace d’échange commercial. Dénaturé de son élan initial, essentiellement formel, l’art contemporain, l’art des vingt dernières années, est l’expression de la société qui le sacre et l’interpelle : marchande et abstraite, globalisée. Qui connaît la même généralisation, la même banalisation de ses codes, à des fins “babeliennes” de compréhension universelle, que l’industrie du luxe, au sens consumériste du terme. Aujourd’hui, art et luxe se pratiquent formellement et intrinsèquement de la même façon. Pas étonnant, dès lors, qu’ils se croisent si souvent, jouent à se mêler, à s’associer jusqu’à la confusion.
ShContemporary, dernière née des foires internationales (dont la première édition a eu lieu en septembre 2007 à Shanghai), illustre l’évolution de la présence et du rôle social de l’art aujourd’hui. Imaginée et développée en raison de l’explosion économique chinoise, ShContemporary consacre une ambition commerciale claire : celle d’enrôler les nouvelles fortunes extrême-orientales aux mêmes références sociales que