Faut-il admettre toutes les opinions ?
« Il est manifeste que la cité fait partie des choses naturelles, et que l’homme est par nature un animal politique. La nature ne fait rien en vain, or seul parmi les animaux, l’homme a le langage qui existe en vue de manifester l’avantageux et le nuisible, et par suite aussi le juste et l’injuste. »
En annonçant cela dans Les Politiques, Aristote déclare que le vivre en communauté est un besoin premier pour l’homme. Le langage -et par extension l’expression d’opinions- étant le propre de l’humain, il semble nécessaire à l’homme de respecter cette faculté, de considérer son contenu come acceptable par l’esprit, en d’autres mots d’admettre son contenu. Sans quoi, il ne peut assouvir sa tendance fondamentale qui est la vie en société. Si l’homme ne peut faire autrement que d’apporter un crédit à la thèse d’autrui, et si tenir comme recevable l’énoncé de l’autre est nécessaire à son existence d’être social, en quoi le faudrait-t-il ? Se questionner s’ « il faut » n’est envisageable que si l’action est contingente, qu’elle peut ne pas être. L’obligation que questionne le « faut-il » de l’énoncé n’étant pas une fin, comme l’est la nécessité mais bien une valeur, elle ne peut s’imposer qu’a un être libre de choisir d’admettre ou de ne pas admettre les opinions qu’il recueille.
Nous envisagerons d’abord l’homme dans sa condition d’animal homme et dans celle d’animal politique puis dans celle de sujet pensant obligé et enfin dans celle d’animal libre doué de raison.
L’homme n’ayant pas d’instinct, il doit se fier à ses représentations du réel sans questionner la véracité de ses concepts. Douter de la représentation du caractère vénéneux du champignon rouge à poids blancs ou de la dangerosité de la forêt la nuit constitueront certes, les prémices d’un combat contre un énoncé sans fondement mais peut s’avérer inefficace si ce n’est dangereux. Si l’homme n’envisage son action que d’un point de vue purement pratique, il