Habeas corpus de 3 textes
L’Assommoir est le premier vrai grand succès littéraire populaire d’Emile Zola, en 1877. Il fit scandale car il présentait de façon très crue la déchéance de ses personnages due à l’alcoolisme. Mais dans ce texte, l’auteur fait un portrait élogieux de Gervaise, alors que tout lui réussit : elle vient d’ouvrir sa boutique de blanchisserie, elle est populaire et heureuse. Elle est à l’apogée de sa vie. Comment Zola décrit-il Gervaise en adoptant le point de vue collectif de tout un quartier ? Pour répondre à cette question, nous étudierons dans un premier temps le rôle de la focalisation dans cet extrait, avant d’envisager la caractérisation du personnage.
Développement I. Une focalisation interne originale Zola utilise un point de vue interne pour faire le portrait de Gervaise, mais il n’est pas commun : au lieu de transcrire les pensées d’un seul personnage, c’est l’opinion de tout un quartier qu’il exprime. 1. Un quartier unanime. Plusieurs indices montrent que Zola adopte ce point de vue collectif. Le mot « quartier » apparaît explicitement. L’expression « le quartier trouvait » tend à le personnifier puisqu’il est sujet d’un verbe d’opinion. Le pronom indéfini « on » est récurrent : on le trouve quatre fois. Il montre l’anonymat de ce point de vue diffus. D’autres expressions insistent sur l’unanimité de l’opinion : « il n’y avait qu’une voix », « tout le monde ». Nous pouvons remarquer que jamais Zola n’utilise le pluriel pour caractériser l’opinion de la rue, ce qui tend à en faire un personnage à part entière, qui joue un rôle dans le destin du personnage au succès duquel il participe. Les verbes d’énonciation ou d’opinion sont nombreux : « trouvait », « clabaudait », « reconnaître », « disait »(x2). 2. Le discours indirect libre .L’insertion du discours rapporté est discrète puisque Zola utilise le discours indirect libre qui intègre à la description des paroles. Le rythme et les structures de phrases « naturelles » semblent sortir