Lettres persanes
Lecture analytique
1 Les indices de l’écriture épistolaire Plusieurs éléments sont révélateurs de l'appartenance du texte au genre épistolaire.
- Le titre de l'œuvre : l'expression Lettres persanes attire l’attention sur le fait que l'œuvre se compose, logiquement de lettres venues de Perse, dont les épistoliers sont certainement persans. Ce que suggère le titre est explicité par le paratexte, qui ajoute des informations supplémentaires : il s'agit d'un roman ; les émetteurs et les destinataires de la correspondance sont des Persans.
- Destinataire et émetteur, destination et lieu d'émission : les trois mots à majuscule qui figurent juste avant le début de la lettre donnent des informations de lieu et de personne. La formule Usbek à Ibben indique qui écrit, Usbek, et qui est son destinataire, Ibben ; À Smyrne, précise où réside Ibben. La fin de la lettre comporte des éléments de même nature, le lieu d'émission de la lettre, De Paris, et l'indication de la date, le 7 de la lune de Maharram, 1713, dans deux calendriers différents. L'indication finale du numéro de la lettre fait partie du paratexte donné par les auteurs du manuel. L'ensemble des éléments repérés permet de dire qu'il s'agit d'une lettre, écrite par un Persan du nom d'Usbek, résidant à Paris, à destination d'un autre Persan, du nom d'Ibben, se trouvant à Smyrne. Montesquieu a choisi de faire correspondre des personnages orientaux, dont l'un se montre observateur des mœurs françaises. Mais celui qui lit cette lettre peut se rendre compte que l'épistolier ne semble pas toujours certain de ses informations. À la lecture de la lettre, on remarque en effet les expressions « On dit » (1. 2), « je crois » (1. 12), qui soulignent l'idée d'incertitude. On peut penser que ces atténuations, par l'utilisation de modalisateurs, ont pour finalité d'insister sur le caractère étranger de l'épistolier et d'accréditer ainsi de manière plus forte ce sur quoi les