Pour Pascal, l’homme ne vit jamais au présent. Sa conscience est toujours tournée vers un temps qui n’est pas le sien, le passé ou le futur, alors que seul le présent lui appartient : « Nous ne nous tenons jamais au temps présent. Nous anticipons l'avenir comme trop lent à venir, comme pour hâter son cours ; ou nous rappelons le passé, pour l'arrêter comme trop prompt : si imprudents, que nous errons dans les temps qui ne sont pas nôtres, et ne pensons point au seul qui nous appartient » (Pensées de Blaise Pascal – Pensée XVII – chapitre deuxième, section III, La volonté). Cette posture pourtant est vaine, car elle conduit au remords, au regret ou à l’espoir, qui n’ont aucune consistance réelle à l’instant présent. Même si cette façon d’être relève de l’absurde, Pascal y trouve pourtant une signification : « Le présent n’est jamais notre fin : le passé et le présent sont nos moyens ; le seul avenir est notre fin ». L’auteur des Pensées dégage du rapport entre la conscience et le temps un sens religieux, c'est-à-dire de vivre en se projetant vers quelque chose qui nous dépasse, le futur, comme un au-delà qui nous attend. Selon lui, seuls les croyants ont une attitude cohérente, car la foi propose une existence à venir compatible avec le souci constant de ce qui sera. L’athée par contre agit de même alors qu’il est convaincu que rien n’existe en dehors du réel. Que peut-il espérer, alors que son existence est secouée par l’espoir, telle est la question posée par Pascal, sous-entendant l’incohérence de la logique athéiste. Il s’oppose de fait à la philosophie épicurienne, diffusée notamment par des penseurs de son époque dont Gassendi, pour qui le bonheur existe ici-bas, parmi les hommes, et non dans un ailleurs lointain et futur. Comme quoi une des conditions au bonheur est liée à la cohérence du rapport entre la conscience et le temps selon ses convictions, soit de vivre dans la mesure du possible au présent sans lien avec les temps ne lui appartenant pas, parce que