La légende des siècles

par

L’écriture engagée

Ayant dénoncé Napoléon III dans Les Châtiments, Hugo se propose de montrer que ce n’est pas seulement ce dictateur-là auquel il s’oppose : c’est tous ceux auxquels il l’assimile, les Césars, Borgias et Mourads de ce monde. Mais malgré toute sa verve, il prouve aussi qu’un auteur ne peut pas venir tout seul à bout d’une dictature, surtout celle qui s’exerce sur une société qui l’accepte. Toutes les fulminations d’Hugo n’y changeront rien. Il ridiculise le nouvel empereur, il lui inflige à jamais le nom de « Napoléon le Petit », mais l’exécration distillée dans les vers des Châtiments n’aura aucun effet sur la réalité politique. Il faudra attendre une guerre désastreuse pour que la cible d’Hugo se voie déchue de son trône.

On oublie souvent à quel point le coup d’État du 2 décembre fut sanglant. Il y a une tendance à n’y voir qu’une régularisation des choses, un changement de style ; après tout, c’est le président de la République qui se porte au pouvoir… Ce fut pourtant un véritable coup militaire, où le changement s’imposa à coups de baïonnettes. Quand Hugo se

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