Le Coffret de santal

par

La poésie comme jeu

C’est par des monologues plaisants que Charles Cros se faisait surtout connaître de son vivant, et c’est par eux que les bien-pensants le condamnaient à la marge et à l’oubli en tant que poète. Refusant l’esprit de sérieux, faisant montre d’un grand naturel, d’un esprit d’enfance, de naïveté, de désinvolture, cet amuseur ne pouvait pas être des leurs. L’humour dans le recueil se concentre surtout dans la partie « Grains de sel », qui commence par « Le Hareng saur », le monologue le plus célèbre de Charles Cros. L’on peut comprendre que les « gens de goût » haussaient les yeux devant les finales de vers enfantines aux mots répétés, mais Charles Cros du moins a-t-il le mérite de la lucidité, et d’avoir fait aboutir son projet qu’il exprime clairement : « irriter les gens graves ». La scène ubuesque qu’il décrit semble anticiper les virtuosités dadaïstes et surréalistes.

Charles Cros semble parler de sa poésie la plus légère quand il défend dans « Vocation » la jeune fille du caboulot, qui elle-même divertit les buveurs de ses charmes et parvient à contenter sans

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