Bergson Nous Ne Voyons Pas Les Choses Mêmes

seulement de se révéler à autrui mais aussi étrangement à nous mêmes. Dans cette deuxième partie, nous verrons, d’un autre point de vue que les fonctions de la parole sont limitées puisqu’elle ne peut pas, d’une part, aller au delà de l’aspect impersonnel des choses, et parce que, d’autre part, la révélation peut être vu comme une trahison. « L’irreductible singularité de la vie psychique est, par définition, indiscible » disait Bergson. Des états uniques ressentis chez des individus , des pensées

effet, on maintient un culte que le Pragmatisme tend à détruire : le culte de la vérité - on admet qu'il existe des jugements nécessaires. La différence est dans l'explication qu'on donne de cette nécessité :l'Empirisme la fonde dans la nature des choses, le Rationalisme dans la raison elle-même, dans la nature de la pensée. Mais, des deux côtés, on reconnaît le caractère nécessaire, obligatoire de certaines vérités, et les différences sont secondaires à côté de ce point fondamental. Or c'est précisément

entre eux, mais devrais-je me méfier de cet assemblage justement ? Nécessairement, dois-je retirer aux sens, toute ma confiance ? Notre connaissance du monde est façonnée par nos sens, qui nous renseignent sur notre environnement, mais aussi sur nous-mêmes donc pourquoi devrait-t-on douter de la fiabilité de nos sens ? Mais supposons que le monde se réduise à l’ensemble des sensations que j’en ai, aurait-il un début de cohérence ? Il est également important de savoir que nos sens peuvent être trompés

ont décrit tant de choses, n'ont dit que ce que chacun savait déjà, n'ont su apercevoir à l'autre bout du monde que ce qu'il n'eût tenu qu'à eux de remarquer sans sortir de leur rue, et que ces traits vrais qui distinguent les nations, et qui frappent les yeux faits pour voir, ont presque toujours échappé aux leurs. De là est venu ce bel adage de morale, si rebattu par la tourbe philosophesque, que les hommes sont partout les mêmes, qu'ayant partout les mêmes passions et les mêmes vices, il est assez

estime que la pluralité des langues n'aurait pas d'incidence sur la pensée. En effet, Bergson pense que le langage et la pensée ne sont pas d'ordre comparable. Selon Aristote, la pensée précède le langage. On exprime sa pensée différemment selon sa langue, mais au fond la pensée est la même : « Les états de l'âme sont les mêmes chez tous. » Aristote soutient l'existence d'une pensée universelle puisque pour lui les choses, les concepts et les idées sont identiques (universels) et que les états de l'âme

réalité (un pouilleux, un corps avachi, par exemple) peut néanmoins composer une œuvre admirable (comme en témoignent les mendiants peints par Murillo ou certains nus de Lucian Freud). Un massacre, par exemple, et sa figuration par un peintre sont deux choses bien distinctes : il suffit de contempler Napoléon sur le champ de Bataille d’Eylau d’Antoine-Jean Gros (exposé au Louvre), ou Guernica de Picasso, pour s’en convaincre. Hegel fait donc écho, sur ce point, aux analyses de Kant, qui notait

par un sujet connaissant, donc par la subjectivité, comment une connaissance objective est-elle possible ? (nous verrons ce paradoxe dans le prochain cours sur l’art : si la beauté est « dans l’œil » de celui qui regarde, comment peut-on parler des choses comme étant belles ? Et pourquoi le fait-on ? Pourquoi dit-on « c’est beau » plutôt que « j’aime ça » ? Puisqu’il ne peut y avoir d’objectivité que pour un sujet, donc il ne peut y avoir d’objectivité que subjective, ce qui semble contradictoire)

médiat/ immédiat ; objectif/ subjectif. „Textes et citation pouvant servir de référence Un texte de Bergson qui tend à montrer que les œuvres d’art nous apprennent à percevoir ce qui demeurerait sans elles inaperçu : « Quel est l’objet de l’art ? Si la réalité venait frapper directement nos sens et notre conscience, si nous pouvions entrer en communication immédiate avec les choses et avec nous-mêmes, je crois bien que l’art serait inutile, ou plutôt que nous serions tous artistes, car notre âme vibrerait

yeux, suppléaient aux mouvements internes que la rêverie éteignait en moi et sumsaient pour me faire sentir avec plaisir mon existence, sans prendre la peine de penser. De temps à autre naissait quelque faible et courte rélexion sur l'instabilité des choses de ce monde dont la surface des eaux m'offrait l'image : mais bientôt ces impressions légères s'effaçaient dans l'uniformité du mouvement continu qui me berçait, et qui sans aucun concours actif de mon âme ne laissait pas de m'attacher au point qu'appelé

yeux, suppléaient aux mouvements internes que la rêverie éteignait en moi et su�saient pour me faire sentir avec plaisir mon existence, sans prendre la peine de penser. De temps à autre naissait quelque faible et courte ré�exion sur l'instabilité des choses de ce monde dont la surface des eaux m'offrait l'image : mais bientôt ces impressions légères s'effaçaient dans l'uniformité du mouvement continu qui me berçait, et qui sans aucun concours actif de mon âme ne laissait pas de m'attacher au point qu'appelé