Dissertation sciences po
Dans son ouvrage Le Temps des femmes. Pour un nouveau partage des rôles, publié en 2001,
Dominique MEDA explique que la société française a été le théâtre d’une « révolution silencieuse », dont le résultat est que « les femmes assument aujourd’hui tous les rôles » et ce alors même que les structures sociales et les conceptions traditionnelles sont restées les mêmes. Entre paradoxe et injustice, elle souligne le manque d’adaptation de la société française à cette révolution aussi discrète que profonde.
Ce choix du concept de révolution, changement soudain qui bouleverse de manière radicale un ordre établi, est révélateur de l’aspect brusque, voire conflictuel du phénomène. Dans la société moderne, comprise comme société récente ou tout du moins d’un temps proche du notre, et par opposition à la société traditionnelle, les femmes auraient en quelque sorte dépassé le périmètre qui était le leur pour venir concurrencer l’homme sur son territoire. Elles ne seraient pas restées à leur place. Mais qu’entend-on par le terme de place ? Certains comprendront un lieu ouvert là où d’autres verront un rang dans un classement, un emploi, un lieu où il convient de se tenir en vertu des règles de bienséance ou même une place forte à l’image des villes de guerre ou de garnison. Les places respectives des hommes et des femmes ne sont-elles pas ces places fortes, ces forteresses qu’il faut occuper, c’est-à-dire prendre avant les autres ? Au lieu d’un espace libre et accueillant, la place serait synonyme d’exclusion pour ceux qui n’en ont pas pris possession assez tôt, « la place est prise, passez votre chemin » ; elle ne pourrait être conquise que de haute lutte.
Cette vision antagoniste est inévitable dès lors que l’on