Dom juan, lecture analytique de la scène du pauvre
§ Après avoir affirmé, dans la scène précédente, que « deux et deux sont quatre… et que quatre et quatre sont huit » –assertion rationaliste énonçant ici sa seule croyance, Dom Juan est amené à faire la preuve de son impiété face aux hommes.
§ Dans cet univers en mouvement constant dans lequel Dom Juan peut exercer son impitoyable « méchanceté », Molière fait revenir le peuple sur scène : après le Pierrot bafoué, les paysannes méprisées, c’est un pauvre anonyme et démuni qui subira les caprices du « grand seigneur méchant homme ».
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Structure de la scène
§ Le texte, très court, composée de courtes répliques, révèle une fois de plus, et avec une efficace rapidité, le désir effréné de séduction, mais aussi de domination qui anime le personnage-titre. Après la séduction amoureuse, ce sera ici une tentetive de séduction morale, en quelque sorte.
§ La scène s’amorce par un échange apparemment anodin entre le seigneur et le pauvre, le premier devant s’enquérir du chemin à suivre. Au cours de cet échange, Dom Juan montrera son peu de générosité devant la misère humaine, quelque peu provoqué par le mode de vie affiché de l’ermite (cf. la phrase de Sade, « Dieu est le seul tort que je ne puisse pardonner à l’homme »).
§ Le libertin entreprend, dans l’étape suivante, de démontrer les contradictions inhérentes, selon lui, à la dévotion. Pratique coutumière de l’ironie : questionner – amener à la contradiction puis à la conclusion :« Voilà qui est bien étrange, et tu es bien mal reconnu de tes soins ».
§ Dans un troisième temps, il aura recours à la corruption, mais à ce stade de l’ignominie morale, son entreprise échouera, et son esprit chevaleresque trouvera à s’employer, dans la scène suivante, en se portant au secours d’un « homme attaqué par trois autres ». « [La pièce] va de tableau en tableau comme [son héros] va