Bourgeois
Absolument. La mode n'est jamais qu'un reflet de la société. Mais les aménagements seront progressifs (quand on porte le corset depuis l'âge de 15 ans, on ne l'enlève pas du jour au lendemain, ne serait-ce que parce que l'armature musculaire fait défaut). Sans corset, la silhouette devient plus tubulaire: la ligne «tonneau» de 1916 dissimule les rondeurs (qui ne sont plus domestiquées). On cherche alors d'autres éléments de séduction: on raccourcit les jupes, on montre une partie du corps qui n'avait jamais été montrée: la cheville en 1916, le bas du mollet en 1918. Cela préfigure la silhouette des années 1920. «Les attributs des fantasmes masculins (poitrine, taille, fesse) sont gommés»
Très différente de celle du début du siècle...
Elle est à l'opposé. La conception du corps change du tout au tout. Les attributs des fantasmes masculins (poitrine, taille, fesses) sont gommés. On efface les seins par des bandelettes, on met une culotte qui aplatit les hanches et on adopte une robe simplement faite de deux panneaux assemblés par l'épaule. Un parallélépipède, comme le décrit Colette. Ce qui permet de bouger, de danser le tango et le charleston; les bras sont libres, l'encolure également. La modernité élimine toute référence au passé. Changement historique: les cheveux sont courts (là aussi, il y a une raison pratique: on n'a plus à se brosser les cheveux pendant des heures). Ainsi, la silhouette n'est plus façonnée par l'homme; elle reflète l'idée que la femme veut se donner d'elle, c'est-à-dire l'équivalente de l'homme.
C'est la fameuse et scandaleuse image de la garçonne...
Pendant la guerre, les femmes ont acquis une autonomie à laquelle elles ne comptent pas renoncer. Et puis elles veulent oublier cette guerre atroce qui a marqué les consciences au-delà de ce que l'on peut imaginer, se plonger dans un tourbillon de musiques, de