Nous n'avons conscience de notre bonheur que lorsqu'il disparait?

797 mots 4 pages
Nous n'avons conscience de notre bonheur que lorsqu'il disparaît?

La nostalgie rend dangereusement lucide: nous en avons tous fait la douloureuse expérience. Tout se passe comme s'il fallait perdre quelque chose pour prendre conscience de sa valeur: ce jardin qui naguère n'était pour moi qu'une soir de soins ennuyeux. Je me mets à le regretter maintenant que j'habite dans un appartement; ce parent dont je ne me souciais guère, j'éprouve la douleur de l'absence irrémédiable à l'annonce de sa mort. Comme l'écrivait Louis-Ferdinand Céline dans Voyage au bout de la nuit. « Vous demeurent seulement précieux les menus chagrins, celui de n'avoir pas trouvé le Temps pendant qu'il vivait encore d'aller voir le vieil oncle à Bois-Colombe, dont la petite chanson s'est étreinte à jamais un soir de février . C'est tout ce qu'on a conservé de la vie. Ce petit regret bien atroce. »

Se pourrait-il alors que nous n'ayons conscience de notre bonheur que lorsqu'il a disparu? Cela reviendrait à dire en somme que ce dernier n'est qu'une illusion, puisqu'il n'est jamais vécu comme tel: il se tiendrait tout entier dans le souvenir du passé, dans l'attente de l'avenir, tandis que nous serions d'instant en instant rejetés dans un présent sempiternellement malheureux, d'autant plus malheureux d'ailleurs qu'il serait pétri du regret d'un paradis perdu. Telle serait alors la tragédie de l'existence humaine: conscient de ce qui lui manque et oublieux de ce qu'il a, l'homme serait d'avance condamné au malheur et à la déception. Et si la vie est par essence malheureuse, il n'en suit effectivement, comme l'affirme notre texte, que « la partie la plus heureuse de notre existence est celle où nous la sentons le moins ».

Le nihilisme: tel est le nom que Nietzsche donnait à ce sentiment né d'une dégout de la vie, ou plus exactement d'une faiblesse telle que la moindre souffrance devient intolérable. Dire que l'existence est par définition malheureuse, faire du bonheur un mensonge que

en relation

  • Explication de texte philosophique de Schopenhaueur
    680 mots | 3 pages
  • Conscience
    1789 mots | 8 pages
  • "Manuscrits inédits" d'alain
    491 mots | 2 pages
  • Nietsche chapitre 1
    4679 mots | 19 pages
  • Bergson
    474 mots | 2 pages
  • Croissance
    2680 mots | 11 pages
  • desole
    896 mots | 4 pages
  • Dissertation philosophique sur marx
    279 mots | 2 pages
  • Pensées de pascal,
    348 mots | 2 pages
  • Cocteau
    284 mots | 2 pages
  • Damien
    572 mots | 3 pages
  • philosiphie
    425 mots | 2 pages
  • ENERGIE NOYAUX
    766 mots | 4 pages
  • Suis-je vraimment ce que j'ai conscience d'être
    1859 mots | 8 pages
  • Peut-on être heureux sans le savoir?
    1945 mots | 8 pages