A chacun sa vérité : propositions factuelles et propositions évaluatives
L'expression « à chacun sa vérité » est utilisée de façon pragmatique pour mettre fin à une discussion qui tourne mal en laissant entendre aux interlocuteurs que leurs opinions sont de même valeur.
Mais on prétend parfois, à titre théorique cette fois, que chacun a sa vérité. L'expression se transforme alors en une thèse selon laquelle chacun possèderait sa vérité. Par exemple, relativement aux deux opinions suivantes, beaucoup soutiendront que chacun a sa vérité :
(1) Dieu existe
(2) Dieu n’existe pas
Certains diront que (1) et (2) sont équivalentes parce qu'elles ne sont pas prouvées. Mais le fait qu'elles ne soient pas prouvées implique-t-il qu'elles aient une valeur de vérité équivalente ? Faut-il dire que, du point de vue de la vérité, les deux opinions sont équivalentes ? S'il existe beaucoup d'opinions et de croyances, faut-il considérer qu'elles sont toutes effectivement équivalentes ? Est-il illégitime de penser que les unes sont supérieures aux autres ?
Nous nous intéresserons ici avant tout aux propositions factuelles (qui décrivent des faits). Nous nous intéresserons aux propositions évaluatives (aux jugements de valeur) dans un autre cours. Nous nous demanderons si la conception de la vérité présupposée par cette thèse est tenable, notamment si l'on peut accoler un possessif au terme « vérité ».
Qu'est-ce que le relativisme ?
Si l'on soutient la thèse exposée dans l'introduction, on est relativiste. Être relativiste, comme le nom l'indique, consiste à penser que les vérités sont relatives et non pas absolues ou universelles. Les vérités sont relatives, soit à des sujets, soit à des groupes sociaux ou culturels. Une vérité relative serait donc une vérité que l’on ne pourrait accepter que d’un certain point de vue, une vérité absolue étant une vérité qui serait acceptable universellement. Mais que veut dire « acceptable universellement ? »
L’acceptabilité universelle d’une proposition suppose qu’elle soit