Aurore

L’œuvre de Nietzsche repose sur deux éléments essentiels : elle fonde une pensée inédite et bouleversante ; mais encore cette pensée est rédigée dans un style de qualité, souvent poétique, cet aspect étant habituellement négligé par les philosophes qui ne cherchent que le pur et le clair. Dans Aurore, encore une fois, Nietzsche adopte une forme originale : plutôt que de construire un vaste essai, il enchaîne une longue série d’aphorismes. Attention, ce qu’on appelle aphorisme chez Nietzsche ne se réduit pas à ce qu’on désigne habituellement par ce terme. Un aphorisme, dans la langue courante, c’est un court adage – « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». Chez Nietzsche, l’aphorisme ne se limite pas à l’unité phrase, c’est plus souvent un paragraphe, qui peut se déployer très largement sur toute une page ou plus. Et l’on comprend bien cette nécessité de s’étendre puisque Nietzsche dans ce livre précise ce qui le motive et vers quoi tend sa pensée, quand il n’avait fait que l’évoquer dans son précédent essai, Humain, trop humain.