Fahrenheit 451

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Apparence et réalité

Si le capitaine Beatty disqualifie la littérature sous prétexte que les personnages qu’elle met en scène n’ont jamais existé ou qu’ils sont morts, c’est pour mieux vanter la prévalence de ce qui est vraiment réel, de ce qui procure un plaisir indéniable, visible. Ce qui est réel aussi, pour lui, c’est ce qui chasse la mélancolie, le déplaisir, et enfin la douleur. La littérature ne peut pas être utile à la vie, car elle est de nature « imaginaire », et donc propre à embrouiller l’esprit. Ainsi, tout ce que Montag considère d’abord comme source sûre de réalité, ce sont les choses tangibles, comme le pétrole qui émane de sa lance, l’odeur de brûlé qui lui colle à la peau, ou la trace noire de suie qui adhère à son visage. Il ressent, comme il l’affirme, de la joie à incendier les livres, ces créatures abstraites nées de l’imaginaire, de nature immatérielle, avec un feu lui bien réel, que l’on peut sentir. Et pourtant quelque chose manque. Et c’est bien ce que Faber et Granger affirment en fin de compte : l’important, avec les livres, ce n’est pas leur existence en tant qu’objet, mais leur contenu, qu

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