Le Spleen de Paris

par

La ville

La mise en prose de la poésie se fait d’abord par un déplacement fondamental. Alors que les romantiques avaient fait de la nature le lieu de leurs épanchements lyriques, Baudelaire place son recueil au cœur de la ville. La boue des rues, les petites chambres de bonnes, la foule, les cafés, les parcs, tous ces nouveaux cadres composent les décors des poèmes en prose. Ce n’est plus dans la nature protéiforme que le poète peut discerner ses états d’âme, mais dans l’autre, son double anonyme au sein d’une foule dense et gigantesque.

Outre ce décor profondément moderne, les personnages appartiennent aussi à cet univers urbain. La foule et le passant rencontré par hasard devant une vitrine sont des thèmes qui deviennent possibles et fréquents à mesure que les villes industrielles s’agrandissent. Dans « Le Vieux Saltimbanque », Baudelaire fait état de la disparition d’un monde ancien, et l’ancien mime suit la pente d’une déchéance à mesure que s’élèvent de nouvelles baraques à la foire.

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