Le Spleen de Paris

par

La prose du monde

Le Spleen de Paris n’est pas seulement de la prose poétique, comme l’était Gaspard de la nuit. En effet, certains textes sont de la pure prose, sans vers blancs ni allitérations, et brouillent les frontières entre le poème et le récit romanesque. « Une mort héroïque » ou « La Corde » par exemple sont de véritables petits contes, que rien ne différencie des nouvelles de Maupassant, si ce n’est leur présence dans un recueil de poèmes. Leur statut n’est donc discernable que par le titre que donne Baudelaire au recueil.

Plus encore que la métrique, ce sont les thèmes qui sont exprimés prosaïquement : plus de crépuscules romantiques, ni de beauté, Baudelaire met à l’honneur la misère, la laideur, la boue et la tache. Il traîne la poésie dans la prose du monde, et des poèmes comme « Perte d’auréole » ou « Les Bons Chiens » proclament ce choix de l’immonde, du sale et du pauvre. Le poète récuse une poésie de l’idéal pour choisir de se concentrer sur la réalité, car c’est en elle que réside désormais la poésie : « Fi du chien bellâtre, de ce fat quadrupède, danois, king-charles, carlin ou gredin,

Inscrivez-vous pour trouver des dissertations sur La prose du monde >