Le Spleen de Paris

par

Lyrisme impersonnel

Baudelaire invente donc ici un lyrisme problématique : le lyrisme est, traditionnellement, l’expression des sentiments de l’homme. Or, dans les poèmes à l’étude, le lyrisme est construit par des descriptions, et non plus par une exaltation de la sensibilité exacerbée du poète – à la manière des romantiques. Le « je » laisse ainsi place à la description de l’autre, dont les sentiments sont pris en charge par un poète empathique : « Mais quel regard profond, inoubliable, il promenait sur la foule et les lumières, dont le flot mouvant s’arrêtait à quelques pas de sa répulsive misère ! Je sentis ma gorge serrée par la main terrible de l’hystérie, et il me sembla que mes regards étaient offusqués par ces larmes rebelles qui ne veulent pas tomber. »« Le Vieux saltimbanque » est ainsi tout entier tourné vers la description de la misère magnifique d’un vieil homme, et cette citation marque la seule intrusion du poète, qui exprime son empathie, nécessaire à l’exaltation de la beauté de l’homme. Ce lyrisme dit « impersonnel » aura une grande postérité chez les poètes héritiers de Baudelaire.

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