La Science Désintéressée

ces deux épisodes traumatiques, il semble alors difficile de croire encore en la beauté que porte en elle l’humanité. De plus, la foi dans le progrès initiée par le siècle des Lumières a laissé place à un sentiment de peur, face aux excès de la science. En 1943, Camus a ainsi pu écrire que « Le XVIIème siècle a été le siècle des mathématiques, le XVIIIème siècle, celui de la physique, le XIXème siècle, celui de la biologie. Le XXème siècle est le siècle de la peur ». Le monde vit à présent dans

soi, libérée de la demande et du contrôle de la société, visant le développement du sujet, ainsi que la constitution d'un lien social plus créatif. Les loisirs sont précisément l’ensemble des activités où l’on pratique des techniques de façon désintéressée, où l’on développe des habiletés que l’emploi quotidien, même passionnant, atrophie ou laisse en friche. En sorte que l’aspiration à se libérer du travail, qu’on retrouve conjointement dans la revendication d’un droit au travail pour tous et dans

créations, et que son créateur tous les ouvriers de ces opérations ». Si la technique est création, elle porte sur le contingent, c'est à dire sur ce qui peut aussi bien être ou ne pas être . C'est en cela que la technique ou l'art s'oppose à la science. Cette dernière porte sur des essences idéales c'est à dire éternelles et immuables. On comprend alors que Platon reconnait la fonction sociale de la technique et ne lui accorde aucune valeur humaine. C'est à partir du XVIII° siècle que l'art se

avec l’apport scientifique et la technique actuelle diffère profondément de la technique artisanale et préindustrielle. Mais il ne faut pas confondre cependant, comme on a trop tendance à le faire, technique et application des sciences : bien avant l’apparition des sciences, une pensée opérative a élaboré empiriquement les « tours de mains » des métiers, les règles des arts etc…qui en se combinant, se perfectionnant, s’accumulant ont formé un trésor de savoir empirique, pré scientifique, qui a permis

conversant avec des gens de lettres. La conversation mondaine supplante la conversation masculine entre érudits, le salon remplace l'Académie. La conversation devient un jeu qui exclut la grande éloquence. Elle doit être ludique et désintéressée. Elle consiste en un échange libre dont le ton doit répondre à un idéal de naturel. Il s'agit avant tout de plaire en trouvant des formules brillantes et des pensées pertinentes. La culture précieuse s'enracine dans l'oralité, par opposition à

du mot grec technê (la technique) par ars. Cependant, ce que vise la technique c’est l’utilité de son produit dans les activités humaines. Or, de ce point de vue, c’est une condition de l’œuvre d’art qu’elle soit « inutile » ou plus exactement désintéressée. On ne peut même pas dire que le plaisir esthétique (le « c’est beau ») soit un sentiment agréable (« utilité » pour le corps, les sens). Enfin, ce « plaisir » se distingue du sentiment d’un accomplissement du « bon », au sens d’un devoir moral

plus rigoureuse ? 113. Le point de vue de la conscience immédiate et celui de la science sont-ils incompatibles ? 114. La science découvre-t-elle ou construit-elle son objet ? 115. Mesurer les objets, est-ce les connaître ? 116. N'est-il pas contradictoire de dire d'une connaissance scientifique qu'elle est à la fois vraie et provisoire ? 117. Un fait unique, et qui ne se répète pas, peut-il être objet de science ? 118. L'erreur peut-elle jouer un rôle dans la connaissance scientifique ? 119

conscience morale. La moralité du sujet ne peut être exemplifiée : si elle dépend non pas du résultat de l'action mais de l'intention qui y préside, cette intention n'est jamais transparente. On ne peut jamais savoir si ses propres intentions sont désintéressées (­condition pour qu'une action soit morale selon Kant). On n'est pas à l'abri d'une action morale faite dans le but de se faire bien voir, de flatter sa bonne conscience ou d'une peur d'une quelconque sanction. Il est même possible de se mentir

satisfait pas ces besoins. Côté négatif : Il prend la nature comme objet de référence (il ne prend en compte que les désirs naturels). MAIS le désir peut aussi avoir un sens élevé, il peut exprimer un absolu (religion, passion amoureuse, beauté, art, science, savoir, mysticisme = consacrer sa vie à Dieu …). Epicure ignore donc la puissance de notre imagination. Hegel dit aussi que le désir (notamment de reconnaissance) est moteur de l’action, même si cela aboutit à la violence. Avec Epicure on serait

la société et définirait les normes du bon goût, mais ca ne peut être seulement ca car cet argument sociologique est largement dépassé par la portée universelle des œuvres, bien au delà de la diversité culturelle. On ne dispose pas comme dans les sciences d'un concept définitif qui nous permettrait de trancher pour savoir si tel ou tel chose est une œuvre ou non. On ne dispose pas de preuves dans le domaine de l'art sur le modèle scientifique pour montrer la valeur d'une œuvre. Alors qu'en physique